L’exposition Luca Giordano. Maestro barocco a Firenze [Luca Giordano. Maître baroque à Florence], sous la direction de Riccardo Lattuada, Giuseppe Scavizzi et Valentina Zucchi, propose dans les salles du musée du Palazzo Medici Riccardi une partie de la riche production artistique du peintre napolitain qui, au début des années 1680, travailla à Florence et y laissa de grands chefs-d’œuvre. Luca Giordano, dont le talent extraordinaire lui valut quelques années plus tard d’être nommé peintre de cour de ce qui fut la plus puissante monarchie du monde, l’Espagne – le conduisit également à Florence où il bénéficia d’une grande attention de la part des familles importantes de la ville, qui comprirent immédiatement son potentiel.

Giordano fut aimé et courtisé par les collectionneurs florentins; l’intérêt manifesté à son égard existait déjà les décennies précédentes et se poursuivit les années suivantes, à travers des achats d’œuvres et des commandes grand-ducales. Les fonds giordanesques présents dans diérentes collections florentines furent importants et certains d’entre eux sont encore conservés en ville. La famille Del Rosso, parmi les plus proches du peintre, est l’une de celles qui, vraisemblablement, en possédaient le plus grand nombre; la collection comprend plus de cinquante tableaux de l’artiste et de ses assistants. L’exposition, installée dans les anciennes salles du musée médicéen et, à titre exceptionnel, dans la Galleria degli Specchi, permet de recréer les liens entre le peintre et sa clientèle ainsi que de mettre l’accent sur la variété des thèmes et des styles des œuvres produites. La contribution de Giordano à la culture de Florence a été importante également pour le rôle stratégique qu’il a joué dans l’histoire de l’art florentin qui, avec lui, s’ouvrait à la légitimation et à l’appréciation d’autres écoles de peinture. Dans cette perspective, Giordano représente l’évolution du style baroque de Pietro da Cortona au baroque tardif : un parcours qui peut être défini comme typique de l’art florentin et du contexte italien contemporain. La production giordanesque des années florentines arrive pratiquement à la fin du pouvoir grand-ducal de la dynastie médicéenne et, avec son style, l’artiste napolitain semble presque conclure le cycle artistique qui avait fait de Florence le noyau vital de l’art italien, avec la famille Médicis toujours en son centre.

L’objectif de l’exposition consiste également à mettre en valeur les voûtes de la Galleria et de la Libreria, aujourd’hui Biblioteca Riccardiana. Elles font en eet partie des chefs-d’œuvre que Giordano a réalisé en ville et s’inscrivent dans un itinéraire virtuel des plus grandes réalisations artistiques de Florence. Un résultat incontestable est également celui d’avoir remis les tableaux déjà présents dans la collection Riccardi, puis dans la collection Mahon, en liaison directe avec les fresques, grâce au prêt généreusement accordé par la National Gallery de Londres; d’autres tableaux, provenant de collections privées, complètent la série d’origine appartenant à la famille Riccardi et font la lumière sur le processus de gestation des fresques. Les tableaux ont été étudiés par le passé, avec des résultats non univoques; leur présence, quasiment en contact physique avec les fresques, se veut de contribuer à approfondir, si ce n’est à résoudre, les questions soulevées par ces études. Enfin, l’exposition entend être un stimulus pour créer des itinéraires citadins à la découverte d’autres œuvres de Giordano: il sut de se rappeler des œuvres à Santa Maria del Carmine et à Santa Maria Maddalena dei Pazzi et celles conservées dans les grands musées florentins.

Pour compléter le parcours d’exposition, la Biblioteca Riccardiana a contribué à l’analyse des sources et du processus créatif du peintre à travers l’exposition, dans ses salles, de quelques volumes et textes d’étude qui ont constitué le point de départ du projet de la Galleria degli Specchi. Durant la période de l’exposition, des visites guidées extraordinaires seront organisées pour permettre également d’admirer la voûte de la Salle de Lecture de la bibliothèque. Le Palazzo Medici Riccardi abrite également la Biblioteca Moreniana, elle aussi riche en volumes imprimés et en documents qui témoignent du passage prestigieux de Giordano, en orant un regard original sur l’influence exercée par le peintre à son époque. Une petite sélection de matériels provenant de la Moreniana est exposée au sein du parcours muséal comme approfondissement de visite.