Urs Fischer in Florence
al 21 janvier 18
À deux ans d’intervalle, Piazza Signoria héberge à nouveau In Florence, un grand événement d’art contemporain conçu par Fabrizio Moretti et Sergio Risaliti, promu par la Ville de Florence et organisé en concomitance avec la Biennale Internazionale di Antiquariato di Firenze, qui est arrivée à sa XXXème édition. Après la célèbre star Jeff Koons, hôte de Florence en 2015, le protagoniste absolu de la deuxième édition de In Florence sera le Suisse Urs Fischer, qui compte parmi les grands artistes du panorama mondial. Le projet – préparé par Francesco Bonami – consiste, comme la première fois, dans la présentation d’une œuvre monumentale à l’intérieur de cet extraordinaire musée de la sculpture à ciel ouvert qu’est Piazza Signoria, dans un contraste pour le moins provocant entre l’ancien et le contemporain. L’organisation de l’événement est suivie par l’Associazione Mus.e.
Urs Fischer est devenu célèbre en 2011 à l’occasion de la 50° Biennale de Venise, quand il a fait fondre une copie, en cire et grandeur nature, de l’Enlèvement des Sabines de Jean de Bologne, l’un des grands chefs d’œuvre des statues de la Renaissance, qui est placée dans la Loggia des Lanzi depuis 1583. Aujourd’hui, Fischer retourne sur le « lieu du crime » avec un nouveau projet artistique surprenant, qui ne manquera pas de susciter de fortes réactions et discussions sur le langage de l’art contemporain, sur la redéfinition du goût, sur l’évolution des techniques et du concept de beauté, dans un duel thématique et formel entre « géants », entre le néo-classicisme et l’art informe, entre l’ancien et le moderne, entre les images « hors du temps » de Bandinelli, Cellini et Jean de Bologne et celle « sans forme » – et précisément pour cela « avec plus d’images » – d’Urs Fischer, qui explore depuis des années des questions telles que l’imperfection et l’entropie, la relation entre l’œuvre et l’espace, entre l’art et le monde du cinéma, entre la vie quotidienne et l’imaginaire artistique avec une force expérimentale et d’expression aussi inusuelle qu’extraordinaire, également en renouvelant ou en risquant l’utilisation de techniques et de thèmes sans limites de temps, de genre ou de style.
Pour cette occasion, l’artiste suisse, qui réside depuis de nombreuses années à New York, a conçu un double projet inédit centré sur la sculpture en tenant compte du contexte historique et artistique urbain si chargé de signes et d’histoires de Piazza Signoria, une véritable agora de la Renaissance, centre névralgique de la manifestation du pouvoir républicain, transformée ensuite avec Côme Ier, duc et grand-duc de Florence et de la Toscane, en une véritable galerie de chefs d’œuvres anciens et modernes, en marbre et en bronze.
Sur la Place de la Seigneurie se dresse Big Clay #4 , une sculpture de grandes dimensions – environ 12 mètres – en métal, dont les formes ont à la fois quelque chose de primordial et d’infantile, de totémique et d’architectural : « la grande sculpture Big Clay #4 qui apparaît au point focal de Piazza della Signoria en dialogue avec la Torre di Arnolfo de Palazzo Vecchio – explique Bonami – est monumentale seulement en apparence. En réalité, c’est un monument à la simplicité et à la primordialité du geste humain qui crée la forme. Un regard plus approfondi de la surface en aluminium de l’œuvre, découvrira les empreintes digitales des doigts de l’artiste. En effet, la sculpture est l’agrandissement de petits morceaux d’argile modelés par l’artiste dans son atelier. Un monument à l’habileté manuelle et à l’action créatrice la plus simple et la plus quotidienne ».
Pour compléter son projet, Fischer place deux œuvres sur l’esplanade rehaussée de Palazzo Vecchio : entre la reproduction du David de Michel-Ange et celle de Judith et Holoferne de Donatello, en continuité avec les expositions de Jeff Koons (2015) et Jan Fabre (2016), l’artiste suisse place deux figures humaines transformées en bougies « Fabrizio » et « Francesco », qui se consumeront lentement pendant la durée de l’exposition, comme des symboles de la finitude humaine et de la durabilité de l’art.
Les deux figures sont celles de Francesco Bonami et de Fabrizio Moretti, vus par l’artiste comme des citoyens du monde qui ont leurs racines sur ce territoire et dans sa culture, deux portraits qui, à travers la combustion de la cire, deviendront des corps abstraits. Le choix des deux personnages naît d’une étude de leur physionomie réalisée par l’artiste au cours des différentes rencontres qu’il a eues avec eux pour la préparation de ce projet ; en effet, il y a toujours dans le travail de Fischer un élément biographique filtré à travers une réflexion formelle et esthétique. Les deux figures resteront exposées pendant environ un mois, jusqu’à leur combustion complète.
Les trois œuvres mettent en scène une sorte de dialectique créatrice, qui résulte de la confrontation entre le simple geste de l’auteur qui, en modelant la matière, la transforme ensuite en un monument en métal – Big Clay #4 – et le monument en cire – « Fabrizio » et « Francesco » – qui changent d’aspect petit à petit et redeviennent une simple matière informe, dans une sorte de double processus de combustion et de régression figurative.
Obtenez plus d’informations sur les œuvres exposées:
Un remerciement spécial à V.A.C. Foundation Collection pour le prêt de l’œuvre Big Clay #4.