Terrasse de Saturne – Musée du Palazzo Vecchio, Florence

Lundi 23 mai, un jardin suspendu a été inauguré au Palazzo Vecchio. Sa réalisation, promue par les Musées Municipaux de Florence et organisée par l’Association MUS.E, a été sponsorisée par le Groupe Zelaro. Ces “orticini”, comme on les appelait, palliaient le manque de véritables jardins au sein de la forteresse qui, à la moitié du XVI siècle, devint la résidence du Duc Côme I de Médicis et d’Eléonore de Tolède, et permettaient d’assouvir certains caprices comme celui de  “pouvoir obtenir de petites salades depuis les chambres et, de nuit, à la lumière des chandelles, aller cueillir les fruits les plus étonnants”. (G. V. Soderini, Trattato degli orti e dei giardini).]

Une “merveille verte” à voir et à sentir, grâce à laquelle le public pourra pénétrer les saveurs et les atmosphères de la cour médicéenne du XVI siècle. Le lieu qui accueille ce jardin est la Terrasse de Saturne, un des nombreux espaces ouverts réalisés lors de la transformation de l’édifice républicain en résidence ducale. Cette terrasse tient son nom de la présence au plafond d’un cycle dédié au dieu Saturne. Elle offre une vue spectaculaire sur la partie sud-orientale de la ville. Le jardin a été pensé comme une campagne de sensibilisation pour une levée de fonds destinés à la restauration de la terrasse dont les peintures nécessitent une intervention urgente de consolidation et de restauration.

Il sera possible de voir ce jardin jusqu’au 25 septembre, sans majoration du prix du billet d’entrée au Palazzo Vecchio. Une brochure gratuite en anglais et en italien informera les visiteurs sur les raisons, les caractéristiques sur le jardin et en donnera des précisions.

Qu’étaient donc ces fameux “orticini” (littéralement: petits potagers) ? Le terme pouvait indiquer une portion limitée d’un jardin, mais aussi de grands vases et pots – en terre-cuite ou en bronze – dans lesquels des plantes et des fruits étaient cultivés. Dans le Palais Ducale, ces “orticini” étaient très présents et ne pouvaient pas manquer, étant donné l’intérêt et l’amour de Côme I de Médicis et de sa femme Eléonore de Tolède envers la nature. Côme étudiait de façon rigoureuse les sciences naturelles et fut capable de promouvoir une véritable “Renaissance botanique” en Toscane ; il suffit de rappeler la naissance d’institutions telles quelles les jardins botaniques de Pise et de Florence. Eléonore, elle, avait déjà goûté au bonheur d’avoir un jardin dans le palais de son père à Naples, et elle poursuivra soigneusement sa culture de petits jardins dans les différentes résidences médicéennes: celui du Palazzo Pitti par exemple et, en particulier, les jardins du “Palais de la place”, l’appellation du Palazzo Vecchio à l’époque). Ces jardins devaient probablement être situés au sommets des édifices, très proches du chemin de ronde:

“La nouvelle résidence fut ornée de tous les fastes et la Duchesse y ajouta en délices avec ses petits jardins suspendus qui firent l’admiration de toute la ville”. (R. Galluzzi, Istoria del Granducato di Toscana sotto il governo Medici, 1781).]

C’étaient des lieux de délices en mesure de divertir et de surprendre. D’ailleurs, le projet ornemental du palais s’était inspiré directement et abondamment de cette nature. Encore aujourd’hui il suffit d’observer les plafonds décorés ou les fresques sur les murs pour voir de nombreuses décorations florales ainsi que des coupes de fruits et légumes. Ils étaient l’allégorie de la richesse médicéenne, mais aussi le témoignage des nouvelles plantes ramenées des quatre coins du monde. On ne peut oublier le “tesoretto” de Cosimo, peint par Francesco Ubertini, dit le Bachiacca, dans lequel l’iconographie botanique atteint son apogée. Plantes, fruits et légumes de potager y sont représentés en nombre sur les murs, constituant une espèce d’herbier vertical.

Les différentes variétés proposées dans le jardin sont une sélection des plantes répertoriées dans des archives iconographiques, historiques et littéraires. L’installation – qui suit les principes d’ordre et de symétrie de l’ère moderne revisités de façon contemporaine – offre au yeux du public des vases d’agrumes, des arbres fruitiers et des rosiers en espallier,  des buissons de grenadiers et de roses, des potagers et vergers, des herbes aromatiques, échos des formes fantaisistes appliquées aux arbustes à feuillage persistent de la Renaissance “en forme de ballons, chevaux, dragons, et autres animaux qui divertissent beaucoup ceux qui viennent visiter ces lieux”, (Del Riccio 1595).

Différents rendez-vous seront proposés au grand public entre le 23 mai et le 25 septembre. Des visites thématiques pour adultes et des ateliers multi-sensoriels pour enfants (samedi 4 et 18 juin; et samedi 10 et 24 septembre). Trois “conversations” seront tenues par des experts autour du thème du jardin. Mercredi 25 mai, Maria Adele Signorini inaugurera le cycle en consacrant sa conférence sur les plantes de la cour de la famille Médicis, entre science, agriculture et art. Suivront, le 8 juin, Giorgio Galletti et Tessa Matteini qui se concentreront sur le thème du jardin entre histoire modernité. Enfin, le cycle se conclura avec Elisabetta Stumpo le mercredi 21 septembre qui portera sur les espaces verts médicéens dans la ville.

L’accès au jardin est compris dans le billet pour le Musée du Palazzo Vecchio.